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Sacha Lakic à toute vitesse…

Sacha Lakic à toute vitesse…

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Deux collections par an depuis plus de vingt ans pour Roche Bobois, c’est le pari relevé par Sacha Lakic avec passion et audace. Le designer industriel est aujourd’hui aussi reconnu pour son mobilier que pour ses motos. Toujours dans le mouvement, il déploie en 2023 trois marques qui lui tiennent à cœur, Lacaraf, Blacktrack, Bogarel.

Natif de Belgrade, Sacha Lakic grandit en France et dessine rapidement des motos. Depuis 2001, il est en charge de la direction artistique du Monégasque Venturi. Il est aussi l’un des rares designers à ne collaborer qu’avec un partenaire privilégié, l’éditeur de mobilier Roche Bobois, pour qui il crée la ligne « Onda » dès 1996. Son design racé, voire futuriste, ses volumes épurés, dynamiques, aussi fonctionnels que techniques, découlent naturellement de sa passion pour la vitesse. « J’aime, dit-il, que les produits soient intemporels. Il s’agit aussi d’anticiper un peu les tendances ». Pour lui, la conception résulte de trois étapes : « l’intérêt visuel, la fabrication technique, la dimension tactile, enfin ». Le succès du « Bubble » en témoigne. « C’est un canapé qui attire l’œil mais ne déçoit pas par son confort ». Le revêtement textile « en poil court, d’une extrême douceur » – une nouveauté 2023-24 – n’est pas la seule actualité du designer, aujourd’hui basé au Luxembourg. Les marques qu’il soutient proposent respectivement un concept novateur de dégustation du vin, des accessoires lifestyle résolument allurés, une décoration pensée pour l’animal domestique. Autant de produits éclectiques où le design a toute sa place. Après une distinction au CES de Las Vegas pour le haut parleur « 0W1 », Sacha Lakic mettra sur orbite « Flex », véhicule lunaire de Venturi qui participera à la mission de Space X. Rendez-vous en 2026…

Comment est né le concept Lacaraf ? Sacha Lakic – Lorsque j’ai rencontré Anthony Boule et le sommelier Alexandre Martorana, toute la partie technique était aboutie. Elle avait nécessité de longues recherches et il fallait lui donner du style pour l’industrialiser. J’ai voulu, dès le départ, que la base technique et le décanteur ne fassent qu’un visuellement, que Lacaraf soit perçue comme un objet unique, équilibré, élégant. Je suis venu affiner les formes, j’ai arrondi les angles. En façade, la température d’ambiance s’affiche grâce au capteur. Le consommateur programme lui-même la température du vin désirée. J’ai fait plusieurs propositions pour les couleurs, les matériaux. Lacaraf est dédiée à l’hôtellerie comme au particulier. Le noir mat et le cerclage laqué lui donnent un côté minimaliste et épuré. Lacaraf est l’exemple même de ce que j’aime faire en tant que designer lorsqu’on me demande de formaliser un concept. C’est la rencontre humaine, la personnalité à l’origine du projet mais aussi le sens de l’objet qui me séduisent. Lacaraf concentre un savoir-faire français, l’association experte d’un ingénieur avec un sommelier, une économie d’énergie vertueuse, l’innovation technologique pour atteindre rapidement une température idéale et la stabiliser.

Le secteur de la table, plus largement, pourrait vous intéresser ? S.L – Bien sûr, car je suis de nature épicurienne ! Je me sens concerné dès lors que les plaisirs sont liés à des objets. J’aime regarder, observer. Je suis sensible à la manière dont une table est dressée, à la forme d’un verre, à l’ergonomie d’un couvert… Le cristal, par exemple, fait partie des matériaux qui sont très inspirants.

Vous entretenez avec Roche Bobois une collaboration de longue du- rée, atypique. Comment s’est-elle construite ? S.L – Tout a commencé en 1996 avec la ligne « Onda ». J’ai eu la chance qu’elle remporte un Compasso d’Oro. Je venais de rencontrer François Roche qui m’a encouragé. A l’époque, j’étais très occupé par la moto. Jusqu’en 2003, j’ai dessiné de manière ponctuelle. Cette année- là, François Roche repère dans mon carton à dessins le buffet qui allait devenir « Speed Up ». Pour lui, c’était novateur et allait permettre de rompre avec l’embourgeoisement qui avait frappé Roche Bobois. C’était exactement le meuble qui, selon lui, allait redonner un élan contemporain à l’éditeur. Il me propose non seulement de dessiner une collection complète mais aussi de la lancer en me nommant designer de l’année. C’était à la fois très motivant et déstabilisant car il prenait le parti audacieux d’accoler à cette collection tout mon bagage lié à la technique, au design moto. Ont suivi deux années de « Speed Up Tour » aux Etats-Unis, en Asie… Cela m’a permis de rencontrer le réseau, d’approfondir les liens, de m’ouvrir l’esprit sur le mobilier contemporain. Rapidement, j’ai intégré le département Siège dont s’occupait Philippe Roche. C’est une étape qui a considérablement accéléré ma perception du produit, canapé notamment. L’idée de « confort visuel » est devenue un fil conducteur récurrent. « Bubble » le symbolise de manière presque parfaite. L’image d’un nuage un peu cotonneux a servi de point de départ. Il était essentiel que tout au long du développement technique, le « Bubble » conserve intact le premier ressenti lié à son confort. Vingt ans plus tard, j’ai toujours envie de me challenger, de repartir d’une page blanche… Si je devais faire une liste exhaustive de mes créations pour Roche Bobois, elle compterait probablement autour de 200 pièces.

« Speed Up », « Bubble » sont des pièces emblématiques, des best sellers aussi. Quelles sont les autres lignes que vous préférez ? S.L – Avec « Speed Up », j’ai tout de suite été à l’aise. Il m’a permis de trouver mon style. J’ai laissé filer le trait avec la même fluidité que pour une moto, une voiture de sport, qui évoquent naturellement la vitesse. Je l’ai conçu comme si le mouvement avait été figé. J’aime aussi « Dyna », qui est très organique en multiplis moulé. La table est assez spectaculaire. « Scénario », pour moi, est à la fois minimaliste et fonctionnel. Le canapé est d’ailleurs commercialisé depuis plus de dix ans. Il est totalement atemporel avec un dossier bas réglable, un piètement qui ne perturbe pas la décoration intérieure.

Est-ce que votre travail de designer a évolué depuis vos débuts chez Roche Bobois ? S.L – Le process de conception/fabrication n’a pratiquement pas changé. C’est plutôt de mon côté que l’évolution est la plus visible car j’intègre les nouveaux apports techniques dès que possible. La modélisation en 3D permet, par exemple, de réduire le temps de développement de manière très appréciable.

En 2022, vous avez fondé Bogarel, dédié aux chats et chiens. Comment est né ce projet ? S.L – Une histoire d’amour avec un chat ! Il m’a tellement apporté que j’ai eu envie de dessiner du mobilier, des accessoires spécifiques. La marque s’est concrétisée lorsque j’airencontré Valérie Mounier, une éleveuse de chats de race, qui avait aussi envie de se lancer. Son expertise m’a rassuré, elle validait mes dessins de produits décoratifs, fonctionnels, au positionnement premium. La première collection s’appelle « Planetarium ». Les arbres à chats, griffoirs sont de vraies sculptures qui ne déparent pas dans un intérieur. La seconde, « Gaïa », se compose de paniers, tapis, coussins aux formes de coeur, d’étoile… Bogarel est en cours de commercialisation mais elle est déjà présente dans un hôtel pour chats près de Bastille. Elle a toute sa place dans les établissements « petfrienly », un segmenten croissance. Une étude de marché nous a d’ailleurs convaincu du potentiel de cette nouvelle marque.

Lacaraf, Bogarel sont des start up dans lesquelles vous êtes partie prenante… S.L – Oui, j’ai envie d’aider à mon tour comme on m’a aidé il y a maintenant trente ans. Parallèlement à mon métier de designer, je participe de différentes façons, à condition qu’il y ait du sens pour moi. Cela va de la part créative à l’investissement financier. Je soutiens ainsi l’engagement écologique du fonds Satgana ou encore l’entreprise de solutions technologiques Lodago.

Blacktrack est un projet encore plus personnel… S.L – C’est vrai. J’ai toujours voulu avoir ma propre marque. J’ai fondé Blacktrack Motors en 2016 avec des collections de cafe racers. Un style de moto très codé, ultra carénée, très légère, avec une selle monoplace et sans carrosserie. Je pense que le moment est venu d’évoluer vers une ligne lifestyle, inspirée par mon univers. Les sacs en cuir, les lunettes sont réalisés comme les motos, en petites séries artisanales fabriquées en Europe. Les passepoils rouges sur la maroquinerie rappellent les surpiqures des selles de moto, le cuir matelassé est le même que celui des renforts d’aisance. Des collaborations sont à venir, notamment une, avec un horloger français. L’ambition de la marque est de développer de l’auto édition et des collaborations exclusives.

Vous avez aménagé le showroom Venturi à Monaco. Avez-vous envie de développer l’architecture d’intérieur ? S.L – C’est un sujet qui m’intéresse de plus en plus. Le mobilier m’amène naturellement à la décoration d’intérieur. Les projets futuristes d’hôtels que j’ai imaginé – le « Dune » ou le « Nest » – sont des prospections que j’ai traitées un peu comme un exerce de style hight tech… lls ont donné lieu à des demandes de projets plus modestes.

Source : Home Fashion News Mai 2024 – HFN53 

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